Hommage à Rino Della Negra

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Vendredi 20 mars, nous avons inauguré le nouveau momument en l'honneur de Rino Della Negra (à l'angle de la rue de Plante et de la rue de Volembert). Ci-dessous mon discours à l'occasion de cette émouvante cérémonie.




Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs les élus,
Madame Yolande Della Negra,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,


En décembre dernier, nous commémorions la mort de l'un de nos concitoyens qui a marqué la mémoire des Argenteuillais, Gabriel Péri, Député d'Argenteuil, journaliste réputé, fusillé par les Nazis au Mont Valérien en 1943.
Moins d'un an plus tard, un autre Argenteuillais tombait sous les balles de l'occupant sur ce même Mont Valérien : Rino Della Negra.
Rino Della Negra fait lui partie de ces anonymes qui ont laissé peu de trace dans la mémoire collective et pourtant, son combat fut exemplaire à plus d'un titre. Issu d'une famille immigrée italienne, né français en 1923 par le hasard de l'arrivée de ses parents sur le territoire national, passionné de foot ball, le jeune Rino Della Negra n'avait aucune raison particulière de risquer sa vie en s'engageant dans la Résistance.
Pourtant, Rino s'engagera et concrétisera même cet engagement dans un réseau particulier, celui des FTP-MOI, la section Main d'œuvre Immigrée des Francs Tireurs et Partisans.
Cette section d'autant plus honnie des nazis et des collaborateurs qu'elle était constituée d'étrangers, de ces « métèques » dont la propagande hitlérienne dénonçait la dégénérescence.
Ce combat des immigrés contre le fascisme, paradoxalement, l'occupant l'immortalisera lui-même en tentant de le dénoncer. En effet, l'histoire a gardé en mémoire la tristement célèbre « Affiche rouge » apposée par la propagande nazie sur tous les murs de la région parisienne.
Loin de discréditer la résistance, cette affiche la galvanisa. Non seulement elle apprenait à qui ne l'aurait pas encore su que des hommes et femmes étaient prêts à mourir pour la liberté de la France, mais que parmi eux il y avait des hongrois, des polonais, des espagnols, des arméniens et des italiens, dont le jeune Rino Della Negra.
Ce groupe, dit « Manouchian », du nom du poète combattant arménien qui en pris la direction, se livre à des attentats et des sabotages jusqu'à l'automne 1943 où il est démantelé par la police française et la gestapo qui en arrêtent un à un les membres.
Le 21 février 1944, 22 membres du Groupe Manouchian sont transportés au Mont Valérien et fusillés. La 23ème, une femme, sera décapitée en Allemagne. Ils tombent pour la liberté, ils tombent pour la France.
La leçon est forte, la défense des valeurs humanistes n'est ni une question de nationalité, ni une question de couleur de peau. En 1944, il y avait des Français qui collaboraient, en 1944 il y avait des immigrés qui combattait pour la France.

Paul Eluard leur rendra hommage par un poème :
« Ces étrangers d'ici, qui choisirent le feu,
Leurs portraits sur les murs, sont vivants pour toujours.
Un soleil de mémoire éclaire leur beauté. »

Cette leçon, retenons là et tirons en les enseignements pour nos combats d'aujourd'hui. La République n'est ni une question d'ancêtres gaulois, ni une question de couleur de peau, mais d'adhésion à un ensemble de valeurs qui fondent notre communauté nationale.
Le jeune Rino Della Negra a su porter haut ces valeurs.
Il doit être un modèle pour les jeunes Argenteuillais, un modèle de courage et de vie citoyenne.

Permettez-moi de remercier en notre nom à tous ici les membres du Comité de soutien à l'Amicale de Châteaubriant, Voves-Rouillé. M. Biéron, son président, Mme. Colombier, avec qui les services de la ville ont préparé cette cérémonie.
Les membres de cette amicale se sont attachés à préserver la mémoire de nombre de ces héros de l'ombre qui ont payé de leur vie leur combat pour la Liberté.
La Municipalité est aujourd'hui fière d'apporter à vos côtés sa contribution au devoir de Mémoire qui s'impose à tous.

Enfin, je souhaite vous présenter Mme. Inès Tonzi. Elle fut « l'estafette » de Rino Della Negra, celle qui discrètement portait les messages d'un membre du réseau à l'autre, évitant les contacts entre ceux-ci pour limiter les risques de repérage et de démantèlement des réseaux. Avec l'assentiment de Mme. Della Negra, belle sœur de Rino que je remercie d'être présente ce soir à nos côtés, je demande à Mme. Tonzi de bien vouloir s'approcher pour m'aider à dévoiler la stèle.


Je vous remercie de votre attention.

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